Étymologiquement, sacrifice veut dire « le fait de rendre sacré ». Une aspiration a priori louable et pourtant on y associe plus souvent les mots d’abnégation, dévouement, offrande et/ou privation. Le verbe « sacrifier » aussi fait référence à cet abandon de soi ou de quelque chose : brader, immoler, offrir, se dévouer mais aussi se conformer.
Alors, quel sens pour les femmes ? Rédempteur ou réducteur ? Voulu ou subi ? Reconnu ou caché ? Choix individuel ou pression collective ? Bien ou mal ? Inclusif ou exclusif ? Juste ou injuste ? Rappelons-nous du jugement de Salomon : la femme qui décide de laisser l’enfant à sa rivale « se sacrifie » en tant que mère pour que l’enfant vive. L’autre femme accepte que l’enfant soit « sacrifié » pour que l’affaire soit « tranchée ». René Girard (cf. Le bouc émissaire, Grasset, 1982) a bien expliqué que si le sacrifice se veut un acte salvateur, il est surtout un mécanisme d’exclusion et de disparition de l’objet.
Aujourd’hui, que veut dire « sacrifice » ? Sacrifier l’ambition professionnelle pour servir la famille ? Mener tout de front au détriment de soi ? Élisabeth Badinter (cf. Le conflit, la femme et la mère, Flammarion, 2010) met en avant ce phénomène dit « naturalisme », qui incite les femmes à redevenir des mères au foyer et à se « sacrifier » pour le bien-être des enfants (allaitement au sein, couches en tissu…) et la gestion de la vie familiale. Le sacrifice est-il un acte individuel ou une injonction de la société ?