Majorette

MajorettesPourquoi ce mot dans le dico ? Selon Le petit Larousse, une majorette est « une fille en uniforme de fantaisie qui parade dans les fêtes et les défilés ». Costumes croquignolets quoique souvent très désuets, de belles gambettes gainées de collants, bottes cavalières et minijupe. La Majorette interpelle dans sa représentation paradoxale du féminin. Un féminin libéré ou prisonnier d’un archétype ?
J’ai longtemps cru que « majorette » était un mot exclusivement féminin, symbole d’un féminin un peu tape à l’œil qui plaît aux garçons grivois. Et le parallèle avec la célèbre maison de joujous pour petits garçons me laissait perplexe quant aux intentions d’Émile Veron son fondateur. Mais la Majorette est aussi un merveilleux exemple d’émancipation.
Il faut se souvenir qu’il y a deux siècles, en 1872, apparut le Tambour Major pour diriger les fanfares militaires, à l’aide d’un long bâton pour rythmer la cadence et harmoniser la marche des soldats. Depuis ce jour, toute parade militaire, fanfare ou harmonie est dirigée ainsi. Ce n’est au début du XXe siècle que les Tambour Majorettes sont apparues, pour désigner une femme qui fait du Tambour Major, manière de montrer qu’une femme pouvait le faire au même rang que les hommes !
Dès 1900, les fanfares devenant une nécessité à chaque festivité populaire, les défilés orchestraux étaient composés en majorité de femmes et le terme Tambour Majorette commence à être utilisé officiellement à partir de 1927, quand une usine de fabrication de piquets modifie un de ses produits en bâton pour la fille du propriétaire qui est une Tambour Majorette.
Tambour Majorette est devenu plus simplement majorette. Et le tournoiement du bâton (twirlinning) est apparu dans les années 30, quand une autre jeune fille commença à faire des mouvements inédits avec son bâton en le faisant tournoyer en l’air. C’est aussi le début de l’histoire de l’enseignement de cette discipline sportive !
L’histoire de la Majorette est donc aussi l’histoire de l’émancipation des femmes. Diriger, comme les hommes, avec un bâton d’abord, selon les mêmes règles. Se faire reconnaître. Puis jouer de celui-ci de façon inédite, le détourner pour créer enfin son propre code, son style et sa discipline originale. Et si on arrêtait de se moquer des majorettes ?

Illustration : majorettes polonaises – Wikipedia © PrzemoW – GNU Free Documentation License.


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