Issu de la contraction du mot latin dominicella, diminutif du domina de la maîtresse de maison, l’histoire de notre Mademoiselle est indissociable de celle de l’émancipation féminine. Au Moyen Âge, ce terme, auquel n’est pas encore associé de préfixe « ma », désigne une jeune fille non mariée de rang social élevé, pendant féminin du « damoiseau » (noble non encore adoubé).
L’appellation mademoiselle confirme par la suite ses lettres de noblesse et est utilisée pour désigner la fille du frère du roi. Ce n’est que progressivement que l’appellation perd sa connotation de positionnement social et désigne plus simplement une femme non mariée. Il est un étendard pour certaines figures féminines dénonçant la tyrannie sociale du mariage : ainsi, personne ne saurait oublier que Coco Chanel ou Madeleine de Scudéry étaient des « Mademoiselles ».
Aujourd’hui pourtant, ce terme est dénoncé au nom du choix subjectif qu’il impose et de l’intrusion qu’il constitue dans la vie privée. Dans une société qui devrait avoir rompu avec le diktat du mariage et admis qu’il est normal de ne pas être liée à l’état civil d’un homme, pourquoi cette appellation aurait-elle encore un sens ? Pourquoi faire une différence dès lors que cette distinction n’existe pas au masculin ? Sans compter que la différenciation n’est pas toujours à notre avantage, à défaut d’être utile : entre la jeune beauté fraîche et naïve et la version revêche incasable, « pick your poison », comme diraient les Anglo-saxons !
Alors si sa disparition constituait l’étape ultime de l’émancipation de notre chère Mademoiselle ? Mademoiselle, une case en moins… Non, pas dans la tête mais dans les documents administratifs, et ceci depuis le 21 février 2012 !