L’arme nucléaire absolue brandie à l’encontre des femmes sans enfant, l’épée de Damoclès qui menace toutes celles qui, passé 35 ans, n’ont pas encore connu les joies de la maternité. Les statistiques sont sans appel : les chances de grossesse spontanée sont de 25% par cycle à 25 ans, de 15% par cycle à 35 ans et chutent à 5% par cycle après 42 ans. À une époque où les études sont de plus en plus longues, où les femmes souhaitent faire carrière au même titre que leur homologues masculins, où les couples se forment, se séparent ou se recomposent, l’âge du premier enfant est passé à 28 ans, contre moins de 24 ans en 1970.
La législation tarde à prendre en compte cette évolution. En effet, la conservation d’ovocytes n’est autorisée en France que pour raison médicale et accordée aux femmes qui acceptent de procéder à un don d’ovocytes, alors que l’autoconservation sociétale (congélation des ovocytes d’une femme afin de les utiliser plus tard pour une fécondation) est pratiquée en Grande-Bretagne, en Belgique, en Italie ou en Espagne, et que l’autoconservation de convenance est possible pour les hommes.
Et quand une femme n’est pas une femme « à part entière » tant qu’elle n’a pas enfanté, les femmes célibataires en mal d’enfants se retrouvent plongées dans une grande souffrance : soit affronter le regard réprobateur d’une société qui n’offre aucune solution (« c’est de leur faute », « c’est pourtant bien connu », « il faut savoir gérer ses priorités »), soit se résoudre à « faire un bébé toute seule ».
Mi-décembre 2012, le collège national des gynécologues et obstétriciens français s’est prononcé pour la première fois en faveur de l’autoconservation sociétale des ovocytes, laissant espérer une modification, à terme, de la législation française sur le sujet. Alors pourquoi tarder quand, pour tant de femmes, l’horloge biologique, elle, continue à tourner ?