Abnégation, sacrifice, oubli de soi, don de soi. Si le héros balzacien n’est pas une héroïne, c’est sans doute qu’elle eût été trop ordinaire. Autrement dit, mère Goriot, c’était la norme pour une femme. Bonne épouse, bonne mère, bonne paroissienne, voilà ce qu’on attendait d’une femme, aussi surnommée, en toute logique, « bonne femme ».
Seulement voilà, l’émancipation féminine et la société de l’individu sont passées par là, reléguant les mères Goriot à des figures éculées représentant, au mieux, un risque réactionnaire décrit par Élisabeth Badinter dans son ouvrage Le conflit, la femme et la mère (Flammarion, 2010). On peut donc se poser la question des nouvelles normes féminines, probablement dissociées de la maternité, qui relève aujourd’hui davantage d’un choix que d’un destin.
La « femme-bien-dans-sa-peau», exhibant son bonheur sans pudeur ni culpabilité, pratiquant en toute orthodoxie le culte du bien-être et du soin de soi serait-elle le nouveau parangon ? C’est en tout cas celle érigée par les magazines dits féminins, offrant leurs couvertures glacées à ces femmes comblées. Vraiment ?