L’adjectif est couramment utilisé pour désigner une féministe, discréditer son discours et clore le débat quand son interlocuteur a perdu tout espoir de la faire taire, de faire triompher « la raison, propre de l’homme » sur l’émotion, par essence féminine ; il est souvent associé à frustrée, moche ou mal baisée, voire les trois à la fois. Si votre interlocuteur a de l’empathie, il ira même jusqu’à s’enquérir de votre cycle hormonal.
C’est bien connu, si une femme râle ce n’est pas parce qu’elle a une raison légitime de le faire, c’est parce qu’elle va avoir ses règles. Le déterminisme biologique altère toute possibilité d’action politique véritable. Par opposition, l’homme qui élève la voix pour faire valoir ses arguments, fait preuve de rigueur et de charisme.
Hystérique vient du grec hystéria, utérus. On y a vu pendant longtemps le siège de la maladie hystérique, névrose qui se traiterait dans le cadre de rapports hétérosexuels réguliers et de la maternité. Faire rimer féminisme et hystérie a pour objet de ramener la femme en quête d’égalité à sa place, à son statut d’être relatif qui ne se définirait que par l’homme, son corps et son rôle naturel, la reproduction.
Alors, malades ? Folles ? Ou simplement animées d’une juste colère, celles qui luttent pour que volent en éclat les stéréotypes associés à chaque genre, les étiquettes et idéologies qui enferment ?